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Archives mensuelles : août 2020

  • L’EDDtisation des programmes se poursuit

    La présence de l’éducation au développement durable (EDD) au sein des programmes ne remonte pas à hier. En 1977, le BO publiait déjà une première circulaire, dédiée à l’éducation à l’environnement et qui visait à permettre à l’élève de comprendre la nature et le monde qui l’entoure et d’agir de manière responsable au regard de son environnement.

    Mais naturellement cette présence va évoluer au fil du temps, notamment à la suite du « Sommet de la terre »  (Rio – 1992), du protocole de Kyoto (1997) relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et surtout de l’émergence du concept de développement durable : un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. En 2003, une expérimentation se mène avec succès dans une dizaine d’académies. L’année suivante, la circulaire du 8 juillet 2004 précise la démarche de l’éducation à l’environnement pour un développement durable (EEDD). Elle ne constitue pas une nouvelle discipline mais se construit de façon cohérente et progressive tant à l’intérieur de chaque discipline ou champ disciplinaire (entre les différents niveaux d’enseignement), qu’entre les différentes disciplines (à chaque niveau) ».

    Mais parallèlement, les problèmes liés à la dégradation de l’environnement s’aggravent et les liens entres les questions environnementales, sociales et économiques apparaissent de plus en plus nettement. L’Education nationale généralise le traitement de ces questions dans les disciplines. Elle encourage aussi la mise en place de démarches globales dans les établissements et la formation des enseignants notamment. La circulaire du 29 mars 2007 promeut le concept, plus complexe et plus global d’Education au Développement Durable (EDD). Est également intégrée dans la circulaire comme dans le socle commun, l’idée très anglosaxone d’empowerment (Charte d’Ottawa) : il s’agit de permettre au futur citoyen de faire des choix éclairés par des connaissances solides acquises par une approche transdisciplinaire.

    Début des années 2010, les enjeux éducatifs et les principes du développement durable sont désormais inscrits dans les programmes. La circulaire du 24 octobre 2011 marque la 3ème phase de la généralisation en s’appuyant sur trois orientations majeures : le renforcement de la gouvernance et du pilotage ; l’élargissement des partenariats ; une meilleure diffusion des informations et du partage des réussites. En 2013, un référentiel de mise en œuvre et de labellisation des établissements en démarche de développement durable (E3) est publié au BO. Il définit le cadre national dans lequel s’inscrit cette démarche, mais aussi les principes communs sur lesquels chaque académie s’appuie pour définir l’organisation de sa propre labellisation en tenant compte des particularités de son territoire.

    La révision des programmes intervenue le 30 juillet 2020 vient enfoncer le clou. L’EDD y est renforcée à tous les étages de la scolarité.

    Dès le cycle 1, il s’agit de découvrir l’environnement, à hauteur d’élève (la classe, l’école, le village, le quartier…) mais aussi de questionner, rechercher et finalement s’initier à une attitude plus responsable et respectueuse.

    Au cycle 2, c’est la complexité du développement durable qui est étudiée, notamment en géographie : Identifier et comprendre des interactions simples entre modes de vie et environnement à partir d‘un exemple (l’alimentation, l’habitat, le vêtement ou les déplacements) ». 

    Au cycle 3, l’EDD est renforcée dans le champ des sciences naturellement : argumenter pour distinguer une connaissance scientifique d’une opinion sur des enjeux majeurs, comme ceux liés à l’importance de la biodiversité et au développement durable. Le domaine 3 du socle (Formation de la personne et du citoyen) est également naturellement impacté. L’EDD constitue un élément important de la réalisation de projets dans l’école : mener des actions concrètes dans les écoles, en faveur de la protection de l’environnement, offre autant d’occasions pour les élèves de développer leur sens de l’engagement. L’enseignement de sciences et technologie développe progressivement  chez  les élèves  un  regard  critique  sur  les  objets  du quotidien, du point  de vue de l’impact engendré par leur création, leur utilisation et leur recyclage sur l’exploitation des ressources de la planète.Mais l’EDD irradie jusque dans le domaine 1 (Langages) du socle, précisément dans le chapitre dédié à la compréhension et l’expression en utilisant une langue étrangère ou régionale : l’élève découvre : d’autres cultures, d’autres manières de comprendre le monde et d’en appréhender les problématiques humaines, sociétales, économiques et environnementales.

    Au cycle 4, l’EDD se voit particulièrement confortée géographie, physique-chimie et SVT : L’éducation au développement durable, au changement climatique et à la biodiversité est un enjeu majeur de formation des élèves. Les savoirs et compétences nécessaires pour étudier ces thématiques constituent l’un des fils conducteurs de l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre. Il s’agit de comprendre l’effet de certaines activités humaines sur l’environnement sans se limiter à une vision anthropocentrée du monde. Il s’agit aussi de permettre aux jeunes de distinguer faits et savoirs scientifiques des opinions et des croyances.     

    Programmes du 30 juillet 2020 avec modifications apparentes (source EDUSCOL) 

    Cycle1

    Cycle 2

    Cycle 3

    Cycle 4